Histoire forestière de l'Abitibi-Témiscamingue

  • 1879-1900
    L’ouverture du Témiscamingue D’ouvriers saisonniers à colonisateurs

 
1879-1900 En 1880, des concessions et des droits de coupe sont accordés autour des lacs Kipawa, des Quinze et Simard. Ainsi, en 1885, on dénombre une quinzaine de marchands de bois employant 2 000 bûcherons répartis dans 40 chantiers. Plusieurs compagnies œuvrent autour du lac Kipawa : Booth, Gillies Brothers, E. B. Eddy et Mc Laughlin. Le lac des Quinze est aussi populaire pour les entrepreneurs forestiers : Fraser & Company, W. C. Edwars, Bryson, Klock et Colonial Lumber. L’industrie du bois est payante pour tous! À l’hiver 1885-1886, les entreprises récoltent 7,5 millions de billots de pins blancs et 100 500 billots d’épinettes, ce qui procure près de 387 000 $ en droit de coupes au gouvernement. Toute cette activité économique amène les bûcherons à graduellement s’établir avec leur famille. Ils se font agriculteurs l’été, et bûcherons l’hiver. Bienvenue aux colons-défricheurs! Pour recevoir leur titre de propriété, ils doivent souscrire à plusieurs conditions. Une fois qu’elles sont acquittées, le reste du lot peut être défriché. Cette nouvelle colonie permanente est desservie par les bateaux à vapeur commerciaux dès 1882. Le transport par voie maritime est graduellement remplacé par le chemin de fer dans les années 1890. 

1888 : Un marchand hors de l’ordinaire
L’un des marchands les plus marquants de l’époque est sans contredit Alex Lumsden! En 1888, il construit une scierie le long du ruisseau Gordon. Le «Gordon Creek», comme les gens l'appelaient, est un affluent destiné au flottage du bois. Au début des années 1900, à Long-Sault (Témiscaming), Alex Lumsden développe à proximité de sa scierie le premier centre industriel, baptisé Lumsden’s Mill. Les chantiers étant des milieux de vie temporaires, le Lumsden’s Mill offre maintenant un pied-à-terre au Témiscamingue. Alex Lumsden s’occupe également du transport via sa compagnie maritime, la Steamboat Line Co. 

L’apparition de la Steamboat Line Co., combinée à la mise sur pied en 1885 de la Société de colonisation du lac Témiscamingue qui instaure les chemins à lisse, facilite grandement le transport des voyageurs, des travailleurs et de la marchandise vers le Témiscamingue. La colonisation graduelle de ce secteur favorise l’essor de nouvelles scieries. Celles-ci sont petites et adaptées aux besoins des colons. Elles leur fournissent le bois pour leurs constructions et leur permettent, dans une optique plus agricole, de moudre le grain. On en trouve trois au début des années 1900 sur la rivière à la Loutre, soit à Fugèreville, à Latulipe et à Laverlochère.

Résumé du 19e siècle
Au 19e siècle, le bois équarri est convoité par l’Empire britannique. Cela incite les marchands de bois à s’étendre sur le territoire, à ouvrir de nouveaux chantiers au Témiscamingue et, plus tard, quelques scieries. Avant 1900, on ne fait que du flottage de bois équarri. La seule transformation locale du bois est l’œuvre de quelques scieries artisanales, alors que la quasi-totalité de la transformation est faite plus au sud. À la fin des années 1800 et au début des années 1900, on commence à faire du flottage de billots de bois rond, répondant au nouveau marché de la pulpe (pâtes et papiers). Par la suite, l’ouverture du territoire du Témiscamingue amène les colons à s’y installer. Ils sont agriculteurs l’été, et bûcherons l’hiver.